3 octobre 2023
Séminaire Master ECISéminaire master ECI 3 octobre 16h à 18h au choix
Le 3 octobre 2023
Séminaire 1 : salle E105 M2
Les représentations du Christ dans l'art et la poésie : de Francis Bacon à Raúl Zurita
Geneviève Fabry est professeure à l’Université Catholique de Louvain, spécialiste de littérature d’Amérique Latine et linguiste. Membre du centre de recherche « Ecriture, Création, Représentation » (ECR), elle est associée au CRIMIC (Sorbonne Université). Elle travaille sur Manuel Puig, Juan Gelman, Ernesto Sabato, Pablo Neruda, entre autres, mais également sur Juan de la Cruz et aborde aussi bien la poétique, que la spiritualité, l’imaginaire ou l’engagement des auteurs dans les événements de l’histoire. Parmi ses très nombreuses publications (ouvrages, articles, travaux collectifs), on peut noter Las formas del vacío. La escritura del duelo en la poesía de Juan Gelman, Amsterdam-Nueva York, Rodopi, 2008 ou encore Pasiones chilenas. Representaciones de Cristo en la poesía chilena (de Rosa Araneda a Raúl Zurita). Vervuert-Iberoamericana, Madrid/Frankfurt. 2022
1. Iconographie chrétienne et art contemporain : quelques données du problème
Pour situer la problématique de la représentation du Christ dans la modernité tardive, on propose de partir de trois représentations picturales très connues : Trois études pour une crucifixion de Francis Bacon (1944), le Christ de Saint Jean de la Croix de Salvador Dalí (1951) et la Crucifixion de l'homme par G. Rocha (1975).
2. La post-sécularité comme paradigme interprétatif transversal
La persistance de la référence religieuse dans l'art au-delà des clivages entre réception confessionnelle ou inscription agnostique voire athée demande à revoir le paradigme périmé de la sécularisation. C'est ce que propose la post-sécularité.
3. La poésie de Raúl Zurita : un exemple de travail sur la mémoire à partir de la figure christique
Il s'agira de parcourir l'œuvre du poète chilien Raúl Zurita (1950-) qui incarne les exigences éthiques et esthétiques d'une poésie en dialogue avec la tradition littéraire (depuis les avant-gardes) et les traumas inscrits dans l'histoire chilienne (depuis la Conquête à la dictature de Pinochet).
- Imaginarios apocalípticos en la literatura hispanoamericana contemporánea (Peter Lang, 2010, G. Fabry, I. Logie y P. Decock eds) ;
- La biblia en la literatura hispanoamericana, Madrid, Trotta, 2016 (G. Fabry & D. Attala eds).
Séminaire 2 : salle bleue 101 MSH M1
Traduction sous « haute surveillance » : (auto-)censure des pièces de théâtre queer de Jean Genet dans l'Espagne franquiste (1971-1973)
Marian PANCHÓN HIDALGO est traductrice assermentée (FR-ESP) et docteure en Traductologie de l’Université de Salamanque et de l’Université Toulouse – Jean Jaurès. Elle est enseignante-chercheuse à la Faculté de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Grenade. Elle a également enseigné dans plusieurs universités françaises (Université de Tours, Université de Nîmes, Université de Franche-Comté) et elle a été chercheuse invitée à l’Université Jean Monnet – Saint-Étienne, à l’Université Sorbonne Paris Nord, à l’ENS de Lyon et à l’Universidad Nacional de La Plata (Argentine). Elle est membre du laboratoire AVANTI de l’Université de Grenade et chercheuse associée au laboratoire TRACE (Traducción y Censura) de l’Université de León. Ses recherches portent sur la traduction, l'(auto)censure et la réception de la littérature francophone pendant la dictature franquiste (1939-1975). Elle s'intéresse également aux questions liées à la paratraduction et à la retraduction.
Sous la dictature franquiste (1939-1975), toutes les pièces traduites devant être jouées en Espagne étaient soumises à un contrôle strict de la censure. C’était aux compagnies théâtrales de présenter leurs demandes au ministère de l’Information et du Tourisme de l’époque tout en précisant la date et le lieu de la représentation. Le livret traduit était également envoyé afin que les censeurs puissent en lire le contenu. Parmi les sujets tabous du régime figuraient la religion, les mots grossiers, la politique et la morale sexuelle (Abellán, 1980, pp. 88-89), auprès desquels il convient de souligner les pratiques sexuelles en dehors de l'hétéronormativité. En effet, comme l'affirment Llopis Mestre et Zaragoza Ninet (2020, p. 356), « l’hétérosexualité obligatoire était un aspect clé intrinsèque du franquisme, condamnant la déviance comme dissidence ». À cette époque, les homosexuels étaient même considérés comme des « dangers sociaux » en vertu de l'amendement de 1954 de la loi sur les fainéants et les malfaiteurs (1933), qui incluait expressément la poursuite de l'homosexualité, ainsi que de la loi de 1970 sur la dangerosité et la réhabilitation sociale (Zaragoza Ninet & Llopis Mestre, 2021, p. 42).
Dans cette communication, nous nous concentrerons donc sur la censure franquiste subie par Jean Genet, l’un des plus grands dramaturges français contemporains, en mettant l'accent sur Haute surveillance, l’une de ses pièces les plus emblématiques. En effet, Severa vigilancia a été jouée dans plusieurs villes espagnoles telles que Cordoue, Getafe et Valladolid au début des années soixante-dix. Comme l’a souligné l'un des censeurs franquistes de la pièce, il y a « de l'homosexualité de tous les côtés ». Cependant, selon un autre, « il y a chez eux des velléités homosexuelles, mais dans des limites discrètes ». Il y a donc une légère différence dans leurs évaluations, ce que nous découvrirons dans les jugements d’autres censeurs. Outre la question de l'homosexualité, un autre des facteurs les plus controversés était le grand nombre de jurons dans le texte.
Afin de vérifier s’il y a eu une quelconque (auto)censure de la part du ministère de l’Information et du Tourisme ou des compagnies théâtrales impliquées, nous avons consulté tous les dossiers de censure de Severa Vigilancia, ainsi que le contenu des livrets. Pour ce faire, nous avons eu accès à l’Archivo General de la Administración (AGA) situé à Alcalá de Henares, non loin de Madrid. Il s’agit de l'une des archives espagnoles les plus précieuses pour la recherche sur la traduction et la censure pendant la dictature franquiste (Lobejón Santos, Gómez Castro & Gutiérrez Lanza, 2021).
Bibliographie
Abellán, M. L. (1980). Censura y creación literaria en España (1939-1976). Barcelona: Península.
Llopis Mestre, S. & Zaragoza Ninet, G. (2020). Censorship and Translation into Spanish of the Lesbian Novel in English: the case of Rubyfruit Jungle (1973). TRANS: revista de traductología, 24, 353-374.
Lobejón Santos, S., Gómez Castro, C. & Gutiérrez Lanza, C. (2021). Archival research in translation and censorship: Digging into the “true museum of Francoism”. Meta, 66(1), 92-114.
Zaragoza Ninet, G. & Llopis Mestre, S. (2020). The Unlit Lamp (1924): translation, reception and censorship, Language and Intercultural Communication, 21(1), 37-54.