Axe 2 : Transferts culturels, créations artistiques et circulation des savoirs
Axe de rechercheAxe 2 : Transferts culturels, créations artistiques et circulation des savoirs, Rédouane Abouddahab, Le Mans université/Isabelle Trivisani, université d'Angers
La circulation des humains, des savoirs, de l’information et des affaires du temps, au sein des espaces culturels à l’échelle internationale comme régionale transforme les sociétés. Cette circulation est non seulement liée aux phénomènes migratoires, mais elle est également soutenue par le développement des réseaux (réels ou virtuels), notamment à l’ère numérique. Les échanges intellectuels et artistiques s’opèrent au-delà des frontières, entre communautés et individualités, à travers les migrations ou les exils, autant de situations qui entraînent des conditions matérielles spécifiques dont les créations portent l’empreinte. Interroger les effets (écologiques, politiques, sociaux, artistiques) de leurs diffusions, depuis leurs origines antiques et médiévales jusqu’à notre période actuelle marquée par l’anthropocène, permet de mettre en relief différents phénomènes d’hybridation.
En effet, l’étude des transferts culturels a inspiré un nombre croissant de travaux interdisciplinaires à la croisée des études littéraires, des études linguistiques et de traduction, de l’histoire de l’art et de l’histoire culturelle. En tant que méthode de recherche dépassant les cadres nationaux, ces études visent à rendre compte de l’hétérogénéité des espaces culturels et des logiques d’intersection et d’hybridité des formes et des contenus, dans la littérature et les arts, mais aussi dans la sphère sociale et politique. La dimension linguistique des transferts culturels dénote, en outre, des modes de pensée nouveaux et les discours créés sur et par les transferts culturels sont des formes de médiations culturelles, à visée de découverte, de transmission, ou dans un but d’action sociale, éducative et politique, mais aussi dans une perspective d’autofiction ou d’écriture de soi.
Il s’agira donc de faire apparaître les liens entre des aires culturelles distinctes, construites sur les principes de l’émission et de la réception, de la circulation et de l’hybridation de formes discursives, artistiques ou sociales diverses. On envisagera l’apport des minorités (ethniques, genrées, religieuses…) dans le patrimoine culturel et citoyen, ainsi que les conflits suscités et les enjeux soulevés par cette mixité. On se demandera comment, dans un univers de plus en plus mondialisé, les transferts culturels peuvent s’analyser en termes de crises, d’adaptations ou de négociations : ainsi les réflexions les plus récentes portant sur les crises politiques et écologiques actuelles, situées dans la tradition de la pensée des rapports entre le sujet humain et la nature, orienteront les études sur les représentations diachroniques et synchroniques que les arts et la littérature en font.
Cette circulation pouvant également se penser sur le plan disciplinaire, la façon dont les disciplines – littérature, philosophie, art, histoire, sciences de l’environnement, politique, linguistique – convergent ou divergent pour rendre compte de certains aspects des transferts culturels constituera un objet d’étude propre : l’objectif sera, aussi bien sur des objets ponctuels que dans le cadre d’un élargissement théorique, la définition de méthodologies susceptibles de mettre en écho de façon pertinente les outils priorisés par les disciplines convoquées : on pourra ainsi s’interroger sur l’outillage théorique large des transferts culturels et se demander si ces derniers peuvent aider à éliminer les frontières disciplinaires, linguistiques et nationales.