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MERCIER Laurence

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La question identitaire chez Jesús Díaz : une lecture anthropologique de son œuvre

 

 Thèse soutenue le 9 décembre 2016, sous la direction de Raúl CAPLÁN
 Docteure

 

L’histoire de Jesús Díaz, né à La Havane en 1941 et décédé à Madrid en 2002 se déroule parallèlement à celle de la révolution cubaine. Les six romans qu’il a écrits sont le reflet de ses doutes et de la déception, le journal d’une désillusion, le constat amer d’une identité écartelée.
La révolution a produit des changements considérables dans la perception de l’identité nationale. Se revendiquant d’abord de l’idéal de José Martí, pour fonder une société multiculturelle qui dépasse les clivages raciaux mais lutte contre l’impérialisme Etasunien, les Cubains devaient construire l’homme nouveau qui rejette l’individualisme au profit du collectif, à l’image du Che, emblème de la révolution marxiste.

Les intellectuels (cinéastes, écrivains et artistes en général) ont contribué à façonner cet idéal révolutionnaire. Comme les personnages des trois premiers romans de Jesús Díaz, ils verront s’effondrer leurs certitudes, leurs convictions et les croyances sur lesquelles ils avaient bâti leur vie. Ceux des trois romans suivants vont au-delà de l’adieu à la révolution, ils doivent se réconcilier avec l’absurdité de l’existence et les contraintes de l’Histoire pour redonner un sens à la vie qu’il leur est donné de vivre.


Cette pensée de Claude Levi Strauss : «On ne fait jamais une société à partir d'un système. Une société quelconque est d'abord faite de son passé, de ses mœurs, de ses usages: ensemble de facteurs irrationnels contre quoi les idées théoriques s'acharnent.» permet de comprendre la nécessité impérieuse qui conduit les personnages vers cette quête identitaire qui les anime dans chacun des romans.


Tous les grands sujets liés à l’identité sont présents dans l’œuvre de Jesús Díaz, que ce soit la question raciale, la question de l’identité par rapport au cadre géographique et le lien controversé mais indéfectible entre les Cubains de l’intérieur et ceux de l’exil, la question de l’articulation entre identité individuelle et collective. Que l’on considère les aspects politiques, les aspects purement littéraires ou les aspects linguistiques, c’est encore d’identité qu’il s’agit. Les six romans de Jesús Díaz forment une œuvre dont l’unité ne dépend pas de la continuité narrative ni de la récurrence de personnages ou de lieux. L’ensemble de ses ouvrages constitue cependant un tout cohérent s’articulant autour de grands axes communs. L’analyse de cette construction permettra la redéfinition du concept de cubanité comme un processus constamment
remis en cause par les aléas de l’Histoire et du contexte mondial.

Les romans de Jesús Díaz ne sont pas autobiographiques mais ils sont fortement imprégnés du vécu de l’auteur, c’est pourquoi il arrive que la frontière entre fiction et réalité trouble le lecteur, particulièrement lorsqu’il s’agit de cette quête identitaire qui obsède tant les personnages. Par ailleurs, même si des évènements historiques apparaissent parfois en toile de fond, cet adjectif serait inapproprié pour qualifier les romans de cet auteur. Il semble qu’une lecture anthropologique de l’œuvre nous donne les clés pour appréhender la cubanité.

 

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