ZHAO Junhao

Discipline : Littérature anglophone

Sous la direction d'Anne-Laure Fortin-Tournès.

Site du Mans.

Début en 2021.

Vladimir Nabokov : une écriture sur la ligne de fuite. L’exemple de Lolita, Pnin et Ada or Ardor : A Family Chronicle

La thèse remettra en question l'opinion que l'esthétique de Nabokov transgresse la moralité, en montrant que l'esthétique et l'éthique ne se contredisent pas bien au contraire : l’éthique nait d’une certaine forme d’esthétique nabokovienne. En effet, si au niveau macro, l'œuvre de Nabokov traite de certains tabous, et introduit une dichotomie entre l’esthétique du texte et son contenu moral, à un niveau micro, c'est-à-dire à l'intérieur du texte, l’écriture nabokovienne s’inscrit à rebours du contenu immoral pour constituer l'esthétique de Nabokov. La lecture des œuvres Nabokov sous l’angle de la philosophie des lignes de Deleuze et Guattari dans Mille plateaux permet d’approfondir cette intuition. Dans Mille Plateaux, Deleuze et Guattari mettent en évidence la superposition de trois lignes dans les nouvelles : une ligne dure représentant l'ordre social et les connaissances générales, une ligne souple criblée d’allusion et de possibilités de devenir, et une ligne de fuite qui échappe à tous les systèmes et crée un nouveau mode de vie. Dans cette perspective, le contenu immoral et le contenu moral ne s'opposent pas, mais coexistent, coopèrent et/ou s’articulent de manière dialectique ; l'esthétique romanesque est décrite comme un moyen de décrire la direction dans laquelle s'écoule le désir plutôt que d’imposer une morale au texte ou de lui donner un programme éthique. La thèse se concentrera sur la manière dont l’œuvre de Nabokov s’illumine et prend un sens nouveau lorsqu’on l’approche sous l’angle des trois lignes deleuziennes, dans la mesure où cette approche permet de dépasser le problème de la morale pour aborder la politique de l’écriture mise en œuvre par Nabokov. Le corpus sélectionné incluera Lolita, Ada or Ardor or A Family Chronicle et Pnin, comme lieux textuels où la tension entre esthétique et éthique s’abolit dans le plaisir du texte et le désir de l’écriture.